La question des « zones rouges » – ces territoires où l’offre de soins est jugée très insuffisante – s’impose aujourd’hui comme un enjeu majeur pour le système de santé français et pour l’industrie pharmaceutique. Cette analyse approfondie de la situation, réalisée par Mickaël Azoulay - Associate Principal dans l'équipe Consulting Services & Analytics d'IQVIA France - met en lumière les défis et les opportunités liés à ces territoires prioritaires.

Un contexte de transformation : le Pacte de lutte contre les déserts médicaux

Le gouvernement a présenté en avril dernier un Pacte de lutte contre les déserts médicaux, intégrant des mesures ambitieuses : diversification du recrutement des étudiants en santé, solidarité obligatoire des médecins, modernisation des organisations et attractivité des territoires pour les professionnels de santé. Ce sont ainsi 151 zones rouges qui ont été identifiées, sur la base d’un indice de vulnérabilité croisant cinq indicateurs : accessibilité aux médecins généralistes (MG), âge des praticiens, affections de longue durée, temps d’accès aux urgences et niveau de vie.

La visite médicale en mutation

Dans son analyse, Mickaël Azoulay révèle une baisse significative de la pression de visite médicale (PVM) chez les MG sur les cinq dernières années : -46,6 % entre 2021 et 2025. Aujourd’hui, 53 % des MG reçoivent au plus un délégué médical par mois, soit trois fois moins que les hématologues et deux fois moins que les gastro-entérologues. Une tendance qui s’accompagne d’une forte hétérogénéité territoriale : la PVM moyenne nationale s’établit à 5,5 mais varie significativement selon les départements.

Les zones rouges, plus ouvertes à la visite médicale

Contrairement aux idées reçues, les MG exerçant dans les départements « zones rouges » sont plus ouverts à la visite médicale que leurs confrères : la PVM moyenne y atteint 6,2. Environ 25 000 MG potentiellement concernés par le dispositif sont ainsi plus accessibles, offrant une fenêtre d’opportunité intéressante pour les laboratoires. Par ailleurs, certaines zones rouges bordent des départements à fort potentiel de prescription, renforçant l’intérêt stratégique de ces territoires.

Quelles opportunités pour l’industrie ?

Face à ce constat, plusieurs axes d’action se dessinent pour l’industrie pharmaceutique :

• Profiter d’une accessibilité médicale accrue dans les zones prioritaires, en adaptant la stratégie de ciblage.
• Soutenir l’initiative de solidarité obligatoire et le nouveau statut de « praticien territorial de médecine ambulatoire », notamment via des programmes de mobilité des équipes.
• Investir dans le numérique et l’intelligence artificielle pour améliorer l’accès aux soins, en réponse à l’appel à projets « IA & accès aux soins » lancé par le gouvernement.

Les zones rouges ne sont pas seulement un défi pour le système de santé : elles constituent une opportunité stratégique pour l’industrie pharmaceutique, à condition d’adapter les approches et d’innover dans les modes d’interaction avec les professionnels de santé. IQVIA, à travers son référentiel Onekey et ses analyses, accompagne les acteurs du secteur dans la compréhension et l’optimisation de leur présence sur ces territoires clés.

Pour en savoir plus, contactez Mickaël Azoulay