À l’occasion de la 2ème édition de notre évènement RWE Connect dédié aux données de vie réelle le 3 juin 2025, experts, industriels et professionnels de santé ont partagé leur vision et leurs retours d’expérience sur les mutations profondes de l’accès au marché en France. Un constat s’est imposé : face à un environnement réglementaire de plus en plus rigoureux, les données de vie réelle deviennent un levier stratégique pour documenter la valeur des innovations, soutenir les décisions et accélérer leur mise à disposition pour les patients.
Un contexte réglementaire en pleine mutation
Entre 2020 et 2024, l’activité de la Commission de la Transparence (CT) a connu une nette intensification, notamment sous l’effet de la montée en puissance de l’accès précoce. En 2024, 129 avis ont été rendus, avec une concentration notable dans trois aires thérapeutiques : oncologie (19 %), maladies infectieuses (16 %) et troubles endocriniens (12 %).
Les tendances observées montrent une évolution des standards d’évaluation : les SMR importants restent majoritaires, mais les SMR modérés sont en hausse. Par ailleurs, seuls 16 % des médicaments ont obtenu un ASMR I à III en 2024, contre 23 % en 2021-2022. Cette sélectivité accrue reflète une exigence renforcée en matière de démonstration de la valeur ajoutée thérapeutique.
Accès précoce : entre opportunité et rigueur
L’accès précoce reste un levier stratégique pour les laboratoires, mais il devient de plus en plus sélectif. Si 231 décisions ont été rendues depuis juillet 2021, le taux de refus atteint désormais 48 % (contre 31 % en 2023).
La simple présomption d’innovation ne suffit plus : la CT exige désormais une efficacité démontrée, même en l’absence d’alternative thérapeutique, et une méthodologie rigoureuse. Un constat s’impose : les médicaments ayant bénéficié de l’accès précoce présentent une probabilité bien plus élevée d’obtenir un ASMR favorable (36 % contre 9 % pour ceux sans accès précoce).
La Commission de la Transparence (CT) a renforcé ses critères, notamment pour les accès précoces, avec une sélectivité accrue : en 2025, toutes les demandes pré-AMM ont été refusées. Cette évolution traduit une attente claire : des preuves robustes, une méthodologie rigoureuse, et une efficacité démontrée, même en l’absence d’alternative thérapeutique.
Dans ce contexte, IQVIA accompagne les industriels dans la production de données de vie réelle alignées sur les attentes réglementaires, en mobilisant des expertises complémentaires en data science et accès au marché.
CEESP : une évaluation économique sous tension
Du côté de la CEESP (Commission d’Évaluation Économique et de Santé Publique), les exigences s’accroissent également. Depuis 2014, elle a publié 239 avis, principalement sur des primo-inscriptions. En 2024, 63 % des spécialités évaluées n’ont pas obtenu l’ASMR revendiqué. L’analyse coût-efficacité devient incontournable, mais elle est souvent invalidée : une analyse sur deux est rejetée pour réserves méthodologiques majeures ou incertitude globale.
Les critiques portent notamment sur la qualité des données cliniques, la mesure de la qualité de vie, la modélisation économique et le choix des comparateurs. Chez IQVIA, nos équipes pluridisciplinaires collaborent avec les laboratoires pour anticiper les exigences des instances comme la CT et la CEESP, en intégrant en amont les dimensions médico-économiques et environnementales.
Décarbonation et empreinte environnementale des industries de santé
Au-delà des enjeux cliniques et économiques, notre événement a mis en lumière une dimension encore émergente mais cruciale : l’impact environnemental du médicament. Le secteur de la santé représente 8 % des émissions nationales de gaz à effet de serre, dont 45 % proviennent des médicaments et dispositifs médicaux. Les principes actifs (API) sont particulièrement émissifs, avec une intensité carbone 100 fois supérieure à celle du ciment.
Les leviers identifiés incluent :
- L’électrification des usages industriels ;
- L’amélioration de l’efficacité énergétique ;
- La dispensation à l’unité (réduction de 9,9 % des comprimés) ; et
- La relocalisation de la production, notamment des API.
Une politique industrielle volontariste, une fiscalité adaptée et une reconnaissance du « made in France » sont nécessaires pour réussir cette transition écologique.
À cette occasion, nous tenons à remercier chaleureusement nos intervenants : Valentine Berthet et Sandy Leproust pour leur analyse des évolutions marquantes de 2024, Cathy Maillard et Archange Nigar pour leurs idées sur l'optimisation de la collecte et de l'analyse des données grâce à l'intelligence artificielle, ainsi que Delphine Houzelot, Thomas Rambaud, Patrick Pessaux et Laure Lechertier pour leur table ronde sur la décarbonation du système de santé.
Chez IQVIA, nous sommes là pour vous aider à naviguer dans cette complexité réglementaire et à tirer parti des données de vie réelle pour :
Vous avez un projet d’accès au marché ou d’évaluation RWE ? Nos équipes vous accompagnent, de la stratégie d’entrée sur le marché à la valorisation post-AMM, en passant par le design d’études RWE sur mesure. Contactez nos experts pour en discuter :
Delphine Houzelot, Senior Principal, Pricing & Market Access, IQVIA
delphine.houzelot@iqvia.com
Valentine Berthet, Principal Pricing & Market Access, IQVIA
valentine.berthet@iqvia.com
Sandy Leproust, Principal HEOR, IQVIA
sandy.leproust@iqvia.com
Cathy Maillard, Senior Principal RWS, IQVIA
cathy.maillard@iqvia.com