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Santé grand public: les médicaments dégringolent, les compléments alimentaires s’envolent

mai 02, 2018

Les résultats de l’étude i360 sont sans appel. Les ventes libres à l’officine ont atteint près de 12 milliards d’euros en 2017. Selon IQVIA, elles ont été lourdement pénalisées par la chute de la PMF1 non remboursable (- 6,1 %). Si l’Hexagone a longtemps été considéré comme le plus gros consommateur de médicaments, ce n’est visiblement plus le cas. « Contrairement aux idées reçues, la consommation des produits de santé diminue régulièrement en France, sans aucune contrepartie. L’encadrement des prescriptions n’a pas conduit à une augmentation des ventes d’automédication. Il n’y a pas d’effet de levier sur la prescription médicale facultative. Ces deux segments sont solidaires », assure Claude Le Pen, économiste de la santé et consultant chez IQVIA France. Les effets directs et indirects de la maîtrise médicalisée sont redoutables.

Non prescrite et non remboursable, cette catégorie de médicaments suscite par ailleurs un enthousiasme modéré auprès des Français, peu habitués à payer leur frais de santé. La culture de la gratuité est un frein, mais ce n’est pas le seul. « Le grand public émet des doutes quant à la qualité et à la sécurité des produits. Ces traitements sont pourtant sûrs et efficaces, dans les indications prévues. L’automédication, c’est un service rendu au patient, mais aussi à la collectivité, en matière d’économies systémiques. Le pharmacien doit consolider son positionnement dans la médication officinale. La délivrance doit être systématiquement validée par un conseil pharmaceutique avisé », commente Claude Le Pen.

Des raisons conjoncturelles…
Culturelles et médico-économiques, les raisons du déclin sont également conjoncturelles. Estimé à environ deux milliards d’euros par an, le marché de l’automédication est avant tout tributaire des pathologies dites saisonnières. « Nous avons connu un épisode hivernal plus clément par rapport à l’an passé, avec seulement deux véritables pics constatés sur la période. Parmi les principaux facteurs différenciant, les enfants auront été nettement moins touchés que les adultes », souligne Soizic Fleury, responsable du marketing et du développement des offres chez IQVIA France. Les chiffres étayent cette thèse2. Le segment des pathologies respiratoires, qui représentait 23 % de la valeur du marché de l’automédication en 2017, a lourdement chuté par rapport à la saison précédente (- 9,6 %). Il a légèrement progressé chez les adultes (+ 1,3 %), mais il s’est littéralement effondré chez les enfants (- 17,4 %). « Une baisse de la fréquentation des officines et un comportement plus responsable des patients/consommateurs expliquent aussi cette mauvaise performance », complète-t-elle.

Le durcissement du cadre réglementaire aura par ailleurs été un handicap supplémentaire. Selon Soizic Fleury, l’interdiction de publicité décidée à l’encontre des produits à base de pseudo-éphédrine et le "relistage" des produits codéinés ont eu un impact significatif sur les ventes.

… et structurelles
La conjoncture, certes difficile, ne fait pas tout. L’érosion naturelle des ventes dans le temps non plus. La médication officinale souffre d’un déficit d’attractivité, contrairement à d’autres pans de la santé grand public. « Le marché des compléments alimentaires ne s’est jamais aussi bien porté, précise Soizic Fleury. La variété et la densité de l’offre, le renouvellement important et continuel des produits ou encore la forte dynamique d’innovation plaident clairement en sa faveur. Les consommateurs s’y essayent régulièrement. Ils entament une cure, la stoppent et la recommencent à l’envie, au gré des réussites et des échecs. La santé et le bien-être sont un véritable phénomène de mode. »

TVA inférieure, dossier d’enregistrement moins complexe, prix des produits plus élevés : les conditions sont très attractives pour les fabricants, y compris au niveau promotionnel, participant ainsi de la visibilité et de la notoriété des marques phares. Certains acteurs traditionnels de l’automédication n’hésitent d’ailleurs plus à investir ce segment, à la fois porteur et lucratif. « Plusieurs laboratoires adoptent un positionnement médical renforcé dans le domaine des compléments alimentaires. Cette tendance lourde se traduit par une médicalisation croissante de l’offre de produits », analyse Soizic Fleury.

(1) Prescription médicale facultative – PMF. 
(2) Source : FAN (saison 2017/2018) – Septembre 2017 à fin mars 2018. 

 
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